Risques à sens unique
Castrais et Albigeois s’affrontent dans un derby déterminant
pour l’avenir des premiers.
AUJOURD’HUI, 18 H 30, STADE PIERRE-ANTOINE
CASTRES : Peyras – Milford, Carballo, Christophers, Fleming – (o) Wisnieski, (m)
Teulet–Tabacco,Manta,Vosloo–Nallet(cap.),Papé–Saayman,Roumieu,Forestier.
Entraîneurs: L. SeigneetU.Mola.Remplaçants(àchoisirparmi): Terrain,Castex,
Elosu, Ross Ghezal, Bias, Faure, Cermeno, Laussucq.
ALBI :Manca–Bowker,Senio,Sanchou,Serre–(o)Hough,(m)Pagès–Misse, V. Clément
(cap.), Maréchal – Méla, Guffroy – Pulu, Ladhuie, Stankovich. Entraîneurs :
É. Béchu, D. Blach et Ph. Laurent. Remplaçants : Ribes, Correia, Viol, Guicherd,
Farani, Boulogne, Prats.
Arbitre : M. Maciello (Côte d’Azur).
CASTRES ET ALBI –
de notre envoyé spécial
JEUDI MATIN sur les présentoirs
de la maison de la presse, en plein
centre de Castres, Le Journal d’Ici,
l’hebdomadaire de la région Tarn-
Sud et Lauragais, affiche à la une :
« Castres-Albi, le derby du siècle ».
Comme à Las Vegas pour les combats
de boxe, titre mondial en jeu.
Seize pages spéciales. Rien que ça.
« Tout ça, c’est une affaire de
médias, souligne l’entraîneur castrais
Laurent Seigne, mais nous ne
sommes pas dans cette logique.
Nous sommes en quête de points et
il n’y a que le terrain qui compte. »
À 42 kilomètres au nord-ouest,
l’entraîneur des avants albigeois
Daniel Blach admet de son côté :
« C’est un match avec un caractère
particulier parce que l’adversaire est
tarnais, mais nous nous déplaçons
pour faire un résultat en jouant avec
nos qualités. » Pas la moindre allusion
au derby. Toutefois, le troisième-
ligne castrais Patrick Tabacco,
à travers les encouragements
quotidiens, mesure la différence,
« habituellement, c’est “il faut
gagner demain”, là, c’est “il faut
battre Albi”. Je sens qu’en cas de
défaite le public sera intransigeant.
»
Un public qui commence à se lasser
du décalage entre promesses et réalité.
Et qui le fait savoir par ses sifflets
et aussi ses silences. Tout
comme Pierre Fabre, partenaire
principal du club, qui a fait un passage
muet dans le vestiaire castrais
avant le match contre Bourgoin le
30 septembre. « Habituel », souffle
le président Pierre-Yves Revol. « Un
peu surprenant, convient Romain
Teulet, castrais depuis six ans et castrais
pour quatre saisons encore. Il
n’a pas prononcé une parole, mais
sa présence a suffi pour nous responsabiliser.
»Assez pour battre les
Berjalliens (18-16) dans le temps
additionnel, avant de s’incliner à
Brive (22-15) le week-end dernier. Et
indispensable pour battre Albi.
Pour ce Castres-Albi, si peu emballant
en des temps plus anciens, le
stade Pierre-Antoine affichera complet.
9 500 places et les guichets fermés.
Aussi bien que pour recevoir
Toulouse.
Castres proche
de la déprime
Tandis qu’Albi la nantie (9e) respire
la sérénité avec cinq succès en cinq
matches à domicile, Castres la travailleuse
(10e) est au bord de la crise
de nerfs. En proie au doute, manque
de confiance, pas loin de la déprime.
Et le ciel tout en gris qui obscurcit
l’horizon. Derrière la main courante
lors de la mise en place, les fidèles
castrais font l’opinion. « Et dire qu’il
n’y a plus un seul castrais »,
constate un fidèle qui a bravé le crachin.
À Albi, à peu près à la même
heure, Louis Barret, le directeur
général du SC Albi, le rassure, « seul
Manca est de la région, mais notre
force, c’est l’esprit de groupe, la solidarité
et la longévité ». En fait, ce
qui fait défaut aux Castrais et qui
inquiète les supporters. « Alors que
nous, onva jouer un match de rugby,
les Albigeois vont jouer un derby
avec toute la motivation que ça
implique », constate un ancien
joueur, finaliste avec les juniors du
CO face au Béziers de Carminati en
1985. « Dans un tel contexte, tu ne
peux pas ne pas avoir envie »,
admet Laurent Seigne. Une chose
est sûre : les Albigeois, eux, n’en
manqueront pas.
SERGE TYNELS